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Bienvenue sur le podcast de dixit.net, une agence de conseil et de recherche urbaine. Nous donnons ici la parole à celles et ceux qui font la ville d'aujourd'hui et de demain.
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#17 Marie Renoux · La Cité des Hospitalières en transition, à Montréal

dixit.netOct 12, 2022

00:00
57:43
#96 François Houste · La ville de science-fiction

#96 François Houste · La ville de science-fiction

Il y a deux mois j’ai lu Les furtifs d’Alain Damasio, et j’ai été soufflée par la société de demain qu’imagine l’auteur : les villes privatisées sont administrées par des entreprises, et l’accès à de nombreux espaces dépend désormais des revenus de chacun. Les relations entre individus sont quasiment inexistantes, les gens vivent côte à côte, chacun dans leur bulle, embellie par la réalité virtuelle.

Mais l’auteur montre qu’une autre vision de la ville est possible, avec des groupes d’insurgés qui entrent en rébellion contre cette société aliénante et isolante. Ils représentent une vision plus désirable du futur, organisée autour des rapports humains, de l’égalité entre les citoyens, du respect de la nature et d'une créativité qui invente de nouveaux moyens de faire la ville :

"L’idée, ça a toujours été que les villes sont trop conçues… trop vécues du sol. C’est la voiture qui a créé nos villes. Le trottoir même est une invention de la voiture, les feux, les ronds-points, les avenues ! On voulait trouver d’autres chemins, des trajets qui ne décalquent pas les rues… des obliques, des traçantes… Et on s’est dit que l’espace existait, il existait là-haut…il existait sur les toits, que notre bitume, il serait bleu."

Les villes dépeintes dans cette fiction semblent être le prolongement de signaux faibles que nous observons aujourd’hui : la privatisation des espaces publics s’observe déjà dans certaines de nos métropoles, nombreuses sont les personnes vivant en ville qui ignorent qui sont leurs voisins et voisines, et la vie en communauté respectueuse de l’environnement et de l’humain fait rêver de nombreux citoyens. En tant qu’urbaniste je me suis alors interrogée : en quoi les œuvres de science-fiction peuvent constituer une source d’inspiration dans ma manière de concevoir le futur ? 

Alors quand Sylvain m’a proposé de faire un entretien avec François Houste sur les liens entre la science-fiction et la ville, j’ai immédiatement accepté. François est consultant à l’agence digitale plan.net, et passionné par la science-fiction. Il est d’ailleurs l'auteur d’un très intéressant recueil de nouvelles qui interrogent la place du numérique dans notre quotidien : Mikrodystopie. Il est aussi à l’origine de cybernetruc, une newsletter dans laquelle il livre ses réflexions sur les liens entre numérique, culture et imaginaire, avec toujours beaucoup de références à des œuvres de science-fiction. Je vous laisse découvrir cet entretien dans le podcast ci-dessous. Bonne écoute !

Camille Tabart (Linkedin)


Pour aller plus loin :

  • William Gibson - Neuromancien (1984)
  • William Gibson - Lumière Virtuelle (1993)
  • Philip K. Dick - Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1966) (qui a été adapté au cinéma sous le nom de Blade Runner par Ridley Scott en 1982)
  • Neal Stephenson - La Samouraï Virtuel (1992)
  • Beck Chambers - Un Psaume pour les Recyclés Sauvages (2021)
  • Alain Damasio - Les Furtifs (2019)
  • Clifford D. Simak – Demain les chiens (1952)
  • N.K. Jemisin - La Cinquième Saison (2015)
  • Octavia E. Butler - La Parabole du Semeur (1993)
  • Bruce Bégout - Los Angeles, Capitale du XXe siècle (2019)
Mar 19, 202426:25
#95 Jérôme Barth · Les chaises de Bryant Park

#95 Jérôme Barth · Les chaises de Bryant Park

🪑 Les chaises de Bryant Park

Vous connaissez sans doute les fameuses chaises vertes du Jardin des Tuileries à Paris. C’est tout l’inverse de ces assises indestructibles aux pieds coulés dans le béton que l’on voit émerger un peu partout, mais qui restent en général désespérément vides. Quand on arrive aux Tuileries, on se saisit de sa chaise pour la déplacer au soleil, la tourner vers un comparse ou juste la décaler de quelques centimètres dans une position bien à soi. Libre de toute contrainte, elle est appropriable et se laisse domestiquer. Et ça marche.

Les chaises de Bryant Park à New York sont du même fabricant français, mais d’un autre modèle plus léger. Elles symbolisent la réussite d’un espace public massivement approprié par les habitants, qui l’envahissent au moindre rayon de soleil. Pourtant rien ne destinait ce parc à un tel succès. Pendant les années 1970, c’est au contraire un lieu mal famé fréquenté essentiellement par les trafiquants de drogue.

Le rapport écrit par William H. Whyte en 1979 - que nous publions pour la première fois dans une traduction française - faisait un état des lieux particulièrement sombre. Mais il faisait aussi des propositions qui ont donné lieu à un projet de rénovation qui a transformé ce lieu de perdition en oasis urbaine. Fondé sur un travail d’observation minutieux des usages, il propose de renoncer à des aménagements matériels et esthétiques pour miser sur des ajustements plus ponctuels, et une animation des lieux associé un véritable effort de gestion. Ces chaises qu’il faut déployer, ranger, entretenir ou remplacer en permanence symbolisent l’attention nécessaire pour faire vivre un espace public hors du commun. Les efforts de gestion permettent d’offrir un service de qualité, qui lui-même permet une parfaite appropriation, et l’arrivée du public permet de pacifier les lieux. Le travail de William H. Whyte sur Bryant Park est le point de départ du mouvement du « Placemaking », qui a initié une vague de renouveau des villes d’Amérique du Nord.

Je vous invite à écouter mon échange avec Jérôme Barth, qui a travaillé une quinzaine d’années à Bryant Park, il est aujourd’hui associé de Belleville Placemaking, qui intervient aux États-Unis et au Canada. Et vous pouvez bien sûr commander dès aujourd’hui notre traduction du rapport de William H. Whyte, qui constitue la 4e édition des cahiers de dixit.net.

Je suis Sylvain Grisot, urbaniste/fondateur de dixit.net.

N’hésitez pas à vous abonner à notre newletter sur dixit.net pour ne pas manquer nos prochaines publications, et bonne écoute !


Pour aller plus loin :

Mar 05, 202439:59
#94 Raphaël Ménard · énergies légères

#94 Raphaël Ménard · énergies légères

⛽ Paysages post-carbone

J’avais besoin d’un temps de pause. Nous venions de parcourir le flot de cette histoire de l’apparition des énergies fossiles dans nos vies, de la nécessité d'une bonne dose de sobriété pour nous en passer, mais aussi de développer les alternatives. Mais celles-ci aussi ont des impacts : poids des matériaux, empreinte spatiale, impact sur les paysages… Les chiffres s’alignent sous la forme d’élégants schémas sur les murs du Pavillon de l’Arsenal. Effrayants. Les deux tranches de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, c’est une centaine d’hectares et 1,2 million de tonnes. Le barrage de Serre-Ponçon, 2,2 millions. Une éolienne en mer du parc de Saint-Nazaire 2900 tonnes. Les panneaux solaires sur mon toit peut-être 150 kg. L’énergie ne se compte pas qu’en kilowatts et mégawatts, mais aussi en tonnes et en hectares, et apprendre la légèreté ne sera pas si simple.

Alors, cette banquette est la bienvenue, comme l’est ce paysage calme devant moi. Une forme de carte postale à peine animée d’une légère brise qui fait tourner une petite éolienne au profil familier. Nous voilà dans une petite rue, sans doute celle d’un lotissement cheminot des années 1960, au bord de voies ferrées abandonnées. Une drôle de petite voiture mal garée sur le trottoir se recharge par l’entremise d’un câble passé par-dessus la clôture. Derrière elle, une voiture de collection manifestement rétrofitée d’un moteur électrique. Pendant qu'elles patientent, des techniciens déploient un accordéon de panneaux solaires sur les voies. La rue a été blanchie pour réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain, tout comme les toits, quand ils n’ont pas été équipés de panneaux solaires. Je suis face à une image d’un banal présent, avec quelques graines de futur qui semblent déjà familières. Un futur possiblement proche où l'énergie s'est faite légère.

C’est un des six paysages post-carbone concoctés par Raphaël Ménard et Olivier Campagne pour cette exposition. Défilent ensuite l’intérieur cosy d’un appartement urbain, une plaine agricole qui cultive son énergie, des toits parisiens adaptés au futur, des éoliennes qui s’intègrent à leur paysage et à la vie des lieux, et même un fleuve qui renoue avec la production. Autant d’instants prospectifs ancrés dans le banal présent qui donnent envie d’y croire. Tout sauf des couvertures de romans de science-fiction, ou des images d'illustration de colloques sur la smartcity. J’en retiens pour ma part l’idée qu’une somme de petites transformations peut déjà faire son effet, pour peu qu’on se donne la peine de s’y mettre, en misant sur quelques principes aussi simples que ces six légèretés qui clôturent le parcours : sobriété, équilibre énergie-matière, simplicité, sols vivants, juste échelle et esthétique post-carbone. Je garde aussi en tête un procédé ingénieux, avec ces cartes postales à peine animées qui nous projettent dans un futur proche, éclairé d’un simple schéma explicatif. Un bon moyen de passer au travers du miroir.

On parcourt cette semaine cette exposition intitulée "énergies légères" avec Raphaël Ménard. Alors bonne visite !


Pour aller plus loin :

  • MacKay, David J.C., Sustainable Energy – Without the Hot Air, Cambridge, UIT Cambridge Ltd., 2009 ; éd. franç. L’Énergie durable. Pas que du vent !, Bruxelles, De Boeck, 2012
  • Auzanneau, Matthieu, Or noir. La grande histoire du pétrole, Paris, La Découverte, 2015
  • Kazazian, Thierry, Il y aura l'âge des choses légères - Design et développement durable au quotidien, ed. Victoires, 2003


Feb 07, 202448:53
#93 Louis Henaux · Les maux du logement

#93 Louis Henaux · Les maux du logement

🏚️ Les maux du logement

Le mal-logement a de multiples visages. Absence de domicile fixe, difficultés d’accès au logement, insalubrité, bidonvilles, surpeuplement, assignation à résidence, précarité énergétique et de plus en plus climatique… les maux du logement touchent directement plus de 4 millions de personnes en France, et je doute que la Fondation Abbé Pierre nous annonce demain des bonnes nouvelles avec la publication de son rapport annuel. Lutter contre ces maux nécessite des modes d’action très différents, qui touchent bien sûr au concret, mais aussi à l’accompagnement des femmes et des hommes touchés. C’est essentiel, car le logement n’est pas un élément de confort ou un bien comme les autres, c’est la condition d’une bonne santé physique et mentale, de la capacité à travailler, étudier, avoir une vie de famille, alors c’est logiquement devenu un droit depuis peu.

Mais pour que le droit passe de la théorie à la pratique, encore faut-il des logements disponibles. Et sur ce front, la crise ne date pas d’hier, mais elle s’accélère : paupérisation des locataires, inflation du foncier, hausse des coûts de production, crise du financement… L’effondrement de la construction neuve touche aussi violemment les acteurs du logement social qui doivent pourtant répondre aux besoins de 2,6 millions de demandeurs en attente, tout en maintenant à flot un parc fragilisé.

Alors oui, il faut agir.

Beaucoup demandent la nomination d’un ministre du logement, mais j’ai du mal à me persuader que c’est nécessairement la solution. Il y a déjà le risque de ne pas tomber sur le bon cheval (souvenons-nous que la politique de l'architecture dépend du ministère de la Culture), qu’il ou elle soit (à nouveau) impuissant(e), ou même qu’il ou elle donne son nom à un nouveau dispositif de défiscalisation. Mais il est par contre certain qu’il nous faut une vraie politique du logement, et pas une qui commence par remettre en cause l’article 55 de la loi SRU. C’est lui qui a créé il y a plus de vingt ans une pincée de solidarité territoriale en responsabilisant les communes dans la production de logement social. Ce n’est pas un simple article ni même un symbole, c’est un socle de notre vie collective. Y toucher est « une faute morale » pour Emmanuelle Cosse, et pour citer directement les mots de Manuel Domergue : « On a fait la loi SRU pour les communes rétives à accueillir des ménages pauvres et mal logés. C’est donc là une voie d’eau très importante, qui va autoriser à accueillir, sur le quota du logement social, des classes moyennes, voire des classes moyennes supérieures. »

Mais puisque les débuts de réponses politiques esquissés à la crise sont singulièrement décevants, c’est peut-être que la question n’était pas claire (gardons l’option optimiste). Alors, allons faire le tour des maux du logement avec Louis Henaux, directeur logement d’Habitat & Humanisme, et explorons avec lui quelques pistes d’action, car il y en a de bonnes.


Pour aller plus loin :

Jan 31, 202446:42
#92 Aurore Magnin et Thomas Maréchal · Partie Commune

#92 Aurore Magnin et Thomas Maréchal · Partie Commune

La rue est calme, et on ne peut pas dire qu’elle soit encombrée par les appuis vélos. Émerge dans le paysage une petite copropriété d’une vingtaine d’appartements, tout droit venue des années 1960. Les volumes sont simples, le toit plat, le parking souterrain et le gazon bien tondu. Le béton est d’époque et de qualité, les murs peu encombrés d’isolants et le simple vitrage n’a pas encore complètement été exterminé.

Il paraît qu’ici on s’imagine accueillir quelques voisins en plus sur le toit, on se voit bien se promener dans des espaces verts luxuriants dotés d’un potager prolifique, ajouter de nouvelles façades pour donner un coup de jeune, dédier un bout de parking aux vélos et au bricolage et discuter de la gestion du composteur collectif dans la toute nouvelle salle commune. Ce ne sont à ce jour que des idées en l’air, et rien ne dit que ce soit le futur que choisiront les habitants, mais il se trame bel et bien quelque chose.

Il faut dire que le nouveau syndic de la copropriété ne s’est pas cantonné à mettre à jour les coordonnées bancaires de chacun et à changer le logo des notes sur les encombrants punaisées dans la cage d’escalier. Mise à plat des contrats pour trouver des prestataires conscients, identification des potentiels de mutualisation et de valorisation des espaces communs, lancement d’une réflexion globale sur l’adaptation climatique de la copropriété… Les chantiers ouverts sont nombreux, et touchent la structure bâtie comme la vie quotidienne de tous les habitants, et pas seulement celle des propriétaires.

Tout ça sent le début d’une transition de proximité. Vous savez, celle dont on a besoin, celle qui irait au fond des choses, et qui changerait vraiment la donne, cage d’escalier par cage d’escalier. Celle qui parlerait autant de carbone que d’habitants et de partage. Le chantier de la métamorphose de ces copropriétés qui logent un tiers des Français est vaste, et à peine engagé. Intensification des usages, végétalisation, densification, accueil des mobilités douces, décarbonation, adaptation au climat qui change et résilience aux nouveaux risques… Chacune doit faire sa mue pour entrer vraiment dans le 21e siècle.

Alors Aurore Magnin et Thomas Maréchal ont décidé de s’y mettre, en créant « Partie Commune ». Il y a des moyens plus attrayants pour changer le monde que de créer un syndic de copropriété, mais à bien y réfléchir leur piste mérite d’être suivie. Car en abordant le métier sous l’angle des liens plus que de la gestion, en parlant des habitants avant de parler du bâti, ils sont dans le concret et limitent le risque de brasser du vent. Il n’y a plus qu’à miser sur le fait qu’ils grandissent vite, et que cette idée de syndic d’intérêt général essaime ailleurs. Alors on visite aujourd’hui avec eux cette copropriété qui se rêve une seconde vie. Bonne écoute.

– Sylvain Grisot (Linkedin)

Pour aller plus loin :

Jan 17, 202425:14
#91 Claire Demaison · Marseille, l'oasis des transitions

#91 Claire Demaison · Marseille, l'oasis des transitions

Marseille, quatrième arrondissement, à deux pas du centre-ville. L’entrée est discrète et le quartier paisible. En se faufilant derrière une camionnette, on se glisse dans les interstices de la ville minérale pour découvrir un cœur d’îlot fleuri. Le cœur fondant d’un bonbon dur. Ça sent même le printemps précoce avec ce mélange de jaune des mimosas et de blanc des amandiers. Ça sent bon les travaux aussi, et ça s’affaire dans le jardin. D’énormes sacs de gravats se baladent dans l’allée, pendus aux fourches d’un chariot élévateur. Une charmante famille de poutres métalliques attend patiemment dans l’herbe le moment d’entrer en scène pour créer de l’espace et ouvrir des lumières. Et le sol est parcouru de tranchées qui grouillent de fourreaux multicolores.

Il se passe manifestement quelque chose par ici. Mais ce n’est pas une opération de densification de ce rare espace végétal dans une ville déjà trop minérale. Non, le panneau du permis de construire cloué sur la porte d’entrée a même été corrigé, avec le terme de « construction » barré vigoureusement, et remplacé par « réhabilitation ».

Pourtant l’histoire semblait écrite. Les lieux bénéficiaient bien de quelques protections, mais les propositions des opérateurs ne manquaient pas, misant sur un assouplissement des règles à l’usure, dans une ville où le code de l’urbanisme n’a parfois eu que des effets limités sur le réel. Mais entre la poignée d’occupants du LICA décidés à rester là, des propriétaires à l’écoute, des partenaires mobilisés et compétents et une politique locale qui vit son printemps, un projet alternatif émerge. Le jardin est préservé, les trois bâtiments — dont la bastide du 17e siècle — bénéficient d’une réhabilitation consciente et consciencieuse, et émerge « Le Tiers-Lab des Transitions », dédié aux transitions écologiques, numériques et sociales. On y retrouve un espace de coworking, des salles de réunion, un café, une cantine solaire, des espaces de fabrication numérique et artisanale, des potagers et un jardin partagé.

C’est un étonnant projet privé qui a trouvé son modèle pour éclore, et qui désormais va devoir faire ses preuves face au réel. Mais c’est surtout la démonstration que le cœur de nos villes n’est pas nécessairement condamné à une densification à outrance ou à l’immobilisme. Le chemin de traverse qui consiste à transformer sans dénaturer est étroit, mais il existe. Reste à comprendre comment tout cela est possible. Entre un projet lourd à porter, des besoins de financement conséquents, et l’absence de professionnels de l’aménagement dans l’équipe, rien n’était joué d’avance. Mais manifestement les alignements d’étoiles, ça se provoque à force de volonté, d’obstination, d’apprentissage et de ces savoir-faire si particuliers qui permettent de mettre autour de la table les bonnes fées.

Nous avons rendez-vous aujourd’hui avec une de ces aligneuses d’étoiles, Claire Demaison, qui nous raconte cette belle histoire. Bonne écoute.

- https://www.lica-europe.org/tiers-lab-des-transitions

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Jan 09, 202432:09
#90 Alexandre Born et Sébastien de Hulster · Bellevilles, foncière solidaire

#90 Alexandre Born et Sébastien de Hulster · Bellevilles, foncière solidaire

Si vous ne l’aviez pas encore remarqué, c’est la crise. L’immobilier neuf s’effondre, l’accès au logement se complique, la construction patine, les bailleurs sociaux sont à la peine, les aménageurs ont du mal à commercialiser et les collectivités commencent à encaisser le choc. Les observateurs bien informés rivalisent d’observations pertinentes, pronostiquant une crise « plus dure que la dernière fois » et se risquent même à annoncer une date de sortie plus ou moins lointaine. Alors les plus libéraux membres de la profession qui appelaient il y a peu à l’allègement des contraintes administratives demandent à une action résolue de l’État, et vont sans doute bientôt exiger la collectivisation des terres.

Mais il y a une erreur sur le diagnostic, car ceci n’est pas une crise. Une crise a un début et une fin, mais il n’y aura pas de sortie cette fois-ci. L’industrie immobilière se confronte aux limites planétaires, comme le paquebot touche l’iceberg que son capitaine faisait semblant de ne pas voir. Il n’y aura pas de fin, car ceci n’est pas une crise, un mauvais moment à passer ou l’ouverture d’une parenthèse. C’est la fermeture d’une longue parenthèse pendant laquelle le béton a coulé à flots, les ressources étaient illimitées, l’argent pas cher et le foncier agricole infini. C’est la fin brutale de la ville facile, et le début d’un nécessaire changement de cap. 

Les difficultés de financement, la hausse des prix des matériaux et le manque de terrains ont trop longtemps masqué un enjeu plus fondamental : la spéculation foncière. Pourtant, le foncier urbain, par nature limité et non renouvelable, ne peut être traité comme un bien ordinaire. Et cette question touche d’autres secteurs moins visibles que l’habitat, mais tout aussi essentiels. Le marché seul est incapable de produire du logement abordable dans les territoires attractifs, de recycler des friches, de maintenir les commerces de centre-ville, d’éviter que la production ne soit évincée des métropoles, et il ne saura pas encaisser les pertes de valeur liées aux nouveaux risques. Nous sommes arrivés au bout d’un système où la propriété du sol est associée à une spéculation sur des temps de plus en plus courts. 

Nous devons inventer autre chose, et certains n’ont pas attendu l’effondrement du château de cartes pour s’y mettre. C’est le cas par exemple de la foncière de Bellevilles qui travaille sur le temps long de la ville en investissant dans des projets d’intérêt collectif là où c’est nécessaire : villes moyennes, villages, banlieues, zones périurbaines. Elle intervient sur le financement, mais aussi sur le montage et la gestion des projets liés à l’économie sociale et solidaire, l’inclusion sociale ou les transitions avec une double exigence : l’équilibre économique et le partage de la valeur, en assumant la recherche d’une rentabilité limitée. Ce n’est pas tout à fait un groupuscule d’illuminés la tête remplie de rêves, mais une équipe de plus d’une vingtaine de personnes qui mène des projets très concrets partout en France dont certains déjà livrés, et qui vient de faire une levée de fonds de 4 millions d’euros. Est-ce que cela change le système ? Non, pas encore, et Bellevilles n’a pas l’ambition d’être partout. Mais le modèle peut essaimer en inspirant d’autres acteurs, et il démontre surtout qu’une autre façon de faire la ville est possible.


Pour aller plus loin :

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Dec 19, 202358:04
#89 Mikaël Saint Pierre · Le Centre d'écologie urbaine de Montréal

#89 Mikaël Saint Pierre · Le Centre d'écologie urbaine de Montréal

Quand un projet pointe son nez dans la ville, c’est la course à l’immobilisme. Dans les oppositions qui émergent, difficile de faire la part entre le rejet de l’autre, la légitime peur du changement et la nécessaire protection des sols, quand toutes se réfugient derrière le même arbre qu’il faut épargner. Le processus de densification de la ville dense a commis suffisamment d’erreurs pour être réformé en profondeur, mais il ne peut ni s’imposer comme une nécessité, ni être balayé d’un revers de manche. C’est de vrais débats locaux dont nous avons besoin pour faire, mais autrement. Mais comment ?

Le détour par Montréal est toujours plein d’enseignements. C’est l’occasion par exemple de croiser le Centre d’écologie urbaine de Montréal. C’est un organisme communautaire hybride, né dans l’opposition à un projet emblématique de tabula rasa : Milton Parc (une histoire que je raconte dans Redirection urbaine #Teasing). Il travaille pour le compte de collectivités locales sur des missions, mène des projets de recherche, mais s’engage aussi auprès de collectifs qui s’opposent à des projets urbains avec un parti pris clair : développer le pouvoir d’agir des individus, pour que la décision en urbanisme ne se fasse pas que dans les bureaux d’élus ou de techniciens.

Le Centre d’écologie urbaine de Montréal est aujourd’hui sollicité par des résidents désabusés par les modes de densification de la ville, avec une vague de NIMBY (Not in my backyard - Pas dans mon jardin) qui se développe dans les banlieues résidentielles du Québec qui commencent à se transformer. Il choisit bien entendu les causes qu’il entend défendre, et ne s’engage pas aux côtés de tous les opposants. Mais les processus de densification mal engagés sont nombreux, et seul le passage de l’opposition à une pratique contributive peut permettre de sortir de la guerre de position. Le Centre d’écologie urbaine de Montréal s’insère alors comme tiers de confiance dans les débats, en agissant sur plusieurs leviers : mobilisation et montée en compétence des groupes de résidents, pédagogie de la densité, conception participative et médiation avec les autorités.

Au moment où les oppositions se cristallisent et bloquent le mouvement, alors que les chantiers de l’adaptation de nos villes doivent au contraire s’accélérer, cette piste du tiers de confiance capable de se glisser entre les parties pour sortir des blocages par le haut est une piste à suivre. Et si des organisations légitimées (et financées) par les autorités se positionnaient aux côtés des oppositions ? Elles pourraient leur permettre de pleinement s’approprier les enjeux, d’avoir une voix audible dans le processus, et même de proposer des projets alternatifs. Elles pourraient aussi donner les clés aux habitants pour faire à leur échelle. Car un pan entier de la nécessaire métamorphose de la ville ne pourra être fait par les pouvoirs publics ou les opérateurs traditionnels de sa fabrique. Les habitants doivent faire, dans leur rue, leur immeuble, leur maison, mais ils ne pourront pas faire seuls.


Je suis Sylvain Grisot, urbaniste fondateur de dixit.net, et j’échange aujourd’hui avec Mickaël Saint-Pierre, coordonnateur en aménagement et mobilité au Centre d’écologie urbaine de Montréal. Et vous allez voir, c’est passionnant.

Bonne écoute.


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Dec 12, 202345:10
#88 Maxime Pedneaud-Jobin · Gatineau, capitale du réchauffement climatique

#88 Maxime Pedneaud-Jobin · Gatineau, capitale du réchauffement climatique

Gatineau, c'est la quatrième ville du Québec située en face d’Ottawa, de l’autre côté de la rivière des Outaouais. C’est elle qui déborde par surprise en 2017 et fait 4000 sinistrés. Dans les mois qui suivent, une tornade détruit ou endommage 2400 logements, trois des cinq pires pluies diluviennes des cent dernières années s’abattent sur la ville, qui subit aussi des canicules, des épisodes de gel/dégel et de nouvelles inondations en 2019 et 2023. Gatineau, c’est un territoire sentinellequi tente de nous avertir de ce qui va nous arriver par la voix de son ancien maire, Maxime Pedneaud-Jobin, élu de 2013 à 2021. Il a décidé de ne pas se représenter à l’issue de son second mandat, et témoigne désormais de son expérience au cœur des impacts du bouleversement climatique.

En temps de crise, le maire doit apprendre à accueillir la souffrance tout en inspirant la confiance. Mais son rôle ne s’arrête pas avec la fin de la phase aiguë. Quand les médias sont partis et que les sirènes se taisent enfin, il y a un territoire à reconstruire. Il faut aussi tirer les leçons du choc et se préparer pour la suite. À Gatineau, on ne part pas de rien. Avant les inondations de 2017, la ville avait déjà une culture de sécurité civile, des équipements et une bonne préparation. Mais la catastrophe n’avait pourtant pas été anticipée. Il faut donc désormais construire la résilience du territoire. La résilience, c’est bien sur s’adapter aux risques connus, mais aussi devenir adaptable a ceux qu’on ne peut imaginer.

Elle ne passe pas uniquement par l’anticipation des catastrophes ou l’adaptation des infrastructures urbaines. Financement des associations, création de lieux… tout cela participe à la construction d’infrastructures sociales de résilience. La conversation à engager avec la population porte sur la gestion des crises, la préparation, et aussi l’adaptation de nos villes et de nos modes de vie. Elle sera sans doute plus aisée à mener à l’échelon local, plutôt qu’avec un gouvernement distant et qui a du mal à sortir des débats partisans. Convenons que Maxime Pedneaud-Jobin a bien mérité de passer le relais après deux mandats. Aujourd’hui il continue de prendre la parole, non plus en tant qu’élu, mais comme sentinelle.

On va donc l’écouter, et vous pourrez aussi lire son dernier ouvrage : Libérer les villes. Pour une réforme du monde municipal, qui vient tout juste de sortir.

Je suis Sylvain Grisot, urbaniste fondateur de dixit.net

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Et bonne écoute !

Oct 19, 202343:30
#87 Emmanuel Bonnet · Avec les territoires et les organisations sentinelles

#87 Emmanuel Bonnet · Avec les territoires et les organisations sentinelles

🌨️ Où est la neige chez vous ?

Toutes nos organisations sont des stations de sports d’hiver de moyenne montagne. Collectivités, aménageurs, bailleurs sociaux, promoteurs, agences d’architecture, bureaux d’études… nous avons tous notre propre or blanc, cette ressource vitale dont nous dépendons sans même nous en apercevoir. La neige, le foncier agricole, le béton, la logistique mondialisée, l’argent pas cher, la mobilité automobile, l’eau, la vue sur la mer, les étés joyeux sont autant d’acquis, d’évidences, des filons inépuisables. Des neiges éternelles. Mais entre les crises d’aujourd’hui et les orages qui grondent au loin, impossible de faire encore semblant d’y croire. C’est pourtant maintenant qu’il faut faire le choix entre acheter une nouvelle paire de canons à neige pour gagner du temps, ou commencer à penser à la suite. Alors, et vous, «où est la neige chez vous?»

Répondre à cette question, c’est sortir de l’aveuglement et du déni, et commencer à vivre avec le vertige. «Le vertige, c’est de sentir que malgré les transitions dont on parle, on continue à mettre en œuvre un modèle qui n’est pas tenable» m’expliquait il y a peu un élu local. C’est la hauteur des enjeux qui provoque le vertige, comme pour cet entrepreneur déjà très engagé, confronté aux mauvaises nouvelles du monde : «je croyais que je savais, mais je ne savais pas». C’est aussi la réaction de cette technicienne face à une équation carbone insoluble : «On ne sait vraiment pas comment on peut y arriver». Le vertige, c’est la somme de la conscience de l’ampleur des changements à mener, de l’importance de nos responsabilités et de l’incertitude sur le chemin à suivre. Et ce n’est pas qu’une étape inconfortable du processus. C’est un état dans lequel nous devons apprendre à vivre durablement, tout en continuant d’avancer. Nous allons nous y acclimater, car nous ne pouvons ni conserver le cap ni attendre l’effondrement. 

«Où est la neige chez vous?» Cette question, c'est celle que pose souvent Emmanuel Bonnet dans ses interventions. Enseignant-chercheur à l’ESC Clermont Business School, et membre du laboratoire CleRMa, il travaille à la fois dans des stations de sport d'hiver qui s'inventent un futur au-delà de la neige et dans des organisations qui s'engagent dans leur redirection. 

Un entretien dont nous n'avons pas fini de suivre les pistes. 

Je suis Sylvain Grisot, urbaniste fondateur de dixit.net, bienvenue sur notre podcast.

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Oct 10, 202301:13:06
#86 Mathieu Petite · Grand Genève : visions transfrontalières

#86 Mathieu Petite · Grand Genève : visions transfrontalières

Genève ce n’est pas qu’un jet d’eau, le siège d’institutions internationales et de quelques banques. C’est un des territoires les plus dynamiques d’Europe, et les échos de son développement dépassent largement le canton. L’agglomération compte plus d’un million d’habitants, et les tensions métropolitaines sont exacerbées par la frontière, avec des emplois qui se concentrent dans le canton de Genève, et les logements en France. Le besoin de structurer le territoire ne date pas d’hier, et la collaboration transfrontalière a abouti à un projet d’agglomération au milieu des années 2000. Cette collaboration singulière porte désormais le nom de Grand Genève et couvre plus de 200 communes et 2000 km2 entre la Suisse et la France. Une nouvelle étape s’engage avec l’élaboration de la « Vision territoriale transfrontalière 2050 ». Ce n’est pas un document réglementaire, mais un processus de dialogue qui doit permettre de fixer un cap commun. Les territoires impliqués prendront ensuite le soin de le traduire dans leurs documents réglementaires.

Au vu de l’ampleur des enjeux de transition, c’est un renouvellement complet de la stratégie qui s’engage, avec comme donnée d’entrée l’arrivée attendue de 300 à 400 000 habitantes et habitants en plus d’ici 2050. Mais les documents de travail comme les échanges témoignent d’un changement d’époque. Car il n’y a pas que la jeune génération qui vit l’angoisse des lendemains qui ne chantent plus. Ils la partagent avec celles et ceux qui fréquentent le temps long. Eux aussi sont pris de vertige. Car les études qui structurent le dialogue montrent bien les limites du modèle du développement adopté par le territoire depuis quelques décennies. Il est confronté à deux impasses : la consommation de sols induite par l’étalement de la ville, et le panache d’émissions de CO2 des mobilités automobiles. Les documents d’urbanisme concentrent aujourd’hui les capacités d’accueil dans les territoires français les plus ruraux où l’offre de logement est distante des services comme des transports en commun. C’est donc à une accélération de l’étalement urbain et une intensification de l’usage de la voiture que l’on risque d’assister, s’il n’y a pas de changement de cap.

Le succès du Léman Express - le RER transfrontalier ouvert il y a trois ans - a ouvert de nouvelles perspectives, mais le territoire est toujours dépendant de la voiture individuelle qui génère l’essentiel des émissions de la mobilité terrestre. Seule une réduction drastique du parc et des kilomètres parcourus peut permettre de décarboner les mobilités du quotidien, la voiture zéro émission n’étant pas près de voir le jour. Difficile d’imaginer dans ces conditions l’accueil de 300 à 400 000 habitants d’ici le milieu du siècle sans accélérer l’étalement urbain générateur de mobilité carbonée . Ce qui est initialement une donnée d’entrée que la réflexion prospective doit intégrer, pourrait donc devenir une variable à interroger. Pour le Grand Genève, cela nécessite de dénouer des questions complexes. La croissance démographique est-elle écrite, possible, souhaitée ou souhaitable ? Comment arrêter à court terme les développements urbains et les investissements dans des infrastructures qui accentuent les vulnérabilités du territoire à la dépendance automobile ? Comment inverser radicalement la tendance et concentrer le développement urbain le long du rail ? Le Grand Genève est un territoire soumis à une pression plus intense que d’autres, mais les questions qu’il se pose aujourd’hui vont donner le vertige à beaucoup d’autres.

Nous échangeons avec Mathieu Petite, adjoint de l'urbaniste cantonale du Canton de Genève.


Pour en savoir plus :
https://www.grand-geneve.org/


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Oct 03, 202341:54
#85 Guillaume Meunier · Chasseur de carbone

#85 Guillaume Meunier · Chasseur de carbone

Le secteur de la construction neuve a plutôt bien avancé dans la voie de la réduction de son empreinte carbone, mais cela ne suffira pas. Compter sur les indéniables progrès de la filière pour produire des bâtiments sobres, c’est se tromper d’objectif. Car le rythme de construction est lent et le stock immense : au moins 80 % de la ville de 2050 est déjà là. L’enjeu principal réside donc dans le parc existant. L’équation ne tiendra que si la rénovation du bâti monte enfin en puissance et qu’elle se focalise sur des rénovations globales permettant à la fois de décarboner et d’adapter les bâtiments au climat qui change. Il va falloir mobiliser des centaines de milliers de femmes et d’hommes pour engager ce chantier, en parallèle de la réduction du volume de production neuve. Car entre la baisse des besoins liés à la transition démographique et la nécessité de limiter les émissions et d’épargner les ressources, la décrue doit logiquement s’amorcer.


« Si toutes les personnes en lien avec le monde du bâtiment lisaient la Stratégie Nationale Bas Carbone, elles verraient noir sur blanc que 2050, c’est 40 % de construction en moins. Je ne sais pas si toutes ont bien en tête qu’il faut construire moins et que c’est l’État qui l’écrit. »

– Guillaume Meunier


Adapter notre patrimoine au climat qui change, éviter de construire en l’utilisant mieux, éviter de déconstruire en transformant ce qui peut l’être, faire durer ce qui est là, et construire moins pour plus longtemps en misant sur la réversibilité. Voilà les pistes à suivre. C’est donc au moment où se décide le lancement d’un projet et se précise son programme que les décisions cruciales se prennent. C’est un instant fugace à l’échelle de la vie future du bâtiment, mais où les décisions prises sont celles qui ont le plus d’impacts sur les budgets, la consommation de sols, la mobilisation de ressources ou les émissions de CO2. Nous répondons au mieux aux besoins alors qu’il nous faut les réduire. Nous construisons alors qu’il nous faut faire durer. Nous comptons encore en euros alors que nos unités devraient être la tonne de ressource, de CO2 et de déchets. Nous ne manquons pourtant pas d’outils réglementaires pour provoquer le changement de pratique, alors pourquoi attendre ? Peut-être parce que chacun ne regarde le bâtiment que sur la courte durée de son intervention. Nous devons aligner notre regard sur son cycle de vie, pour sortir de la « tragédie de l’horizon ».

Le premier des changements sera donc culturel. « Construire » est aujourd’hui synonyme de construction d’un bâtiment neuf. Demain — mais pas après-demain — cela consistera à offrir une seconde vie à un bâtiment existant.


On échange aujourd’hui sur ces sujets avec Guillaume Meunier, qui est Consultant Bas Carbone à l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment le jour, et qui passe aussi ses courtes nuits à peupler les réseaux sociaux d’analyses précises et factuelles sur les enjeux écologiques de la fabrique de la ville.


Pour aller plus loin :


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Sep 19, 202355:53
#84 Alban Senault et Paul Citron · Occupation temporaire à Césure

#84 Alban Senault et Paul Citron · Occupation temporaire à Césure

L'université de Sorbonne Nouvelle quitte le site de Censier, niché au cœur du 5ème arrondissement parisien. Les bâtiments des années 1970 seront occupés à nouveau par des étudiants après des travaux de réaménagement et de désamiantage. Entre-temps, un créneau de deux ans s'ouvre pour un nouveau lieu éphémère : Césure.

L'EPAURIF, propriétaire des lieux, a contracté avec Plateau Urbain pour l'aménagement temporaire et l'animation des locaux pendant cette période. Les 25 000 m2 sont dédiés pour un temps aux savoirs inattendus, avec près de 200 structures accueillies (artistes, acteurs de l'ESS, médias indépendants...), 2000 étudiants qui fréquentent encore les lieux, une immense salle polyvalente de 900 m2, une bibliothèque universitaire transformée en cantine par Yes We Camp, un amphithéâtre et plein de recoins pour imaginer de belles choses.

Projet d'envergure, le montage de Césure a également été l'occasion de structurer un cadre juridique équilibré qui pourra servir à d'autres lieux, même beaucoup plus modestes. Plutôt que de naviguer dans un flou assez commun dans ce type d'opération, le bail précise les responsabilités, assure la transparence des relations sans pour autant figer les choses. Cette souplesse est essentielle tant les incertitudes sont nombreuses sur les aspects techniques comme les usages.

La multiplication des opérations et la professionnalisation des acteurs ont permis progressivement de développer des savoir-faire spécifiques de l'occupation temporaire. Créer les conditions techniques d'une occupation d'un bâtiment pour quelques années, c'est hybrider les pratiques de l'architecture de la transformation et celles de l'événementiel. À cela s'ajoute une attention soutenue à la sobriété des moyens déployés, quitte à faire des compromis sur les usages, et une relation étroite entre technique et programmation, que l'on retrouve dans l'organisation des lieux culturels.

Mais s'il faut traiter des questions très pragmatiques telles que les responsabilités assurantielles, la réglementation incendie, les branchements électriques ou les installations sanitaires, c'est bien pour accueillir des utilisateurs. Et à Césure, ils ne manquent pas. C'est tout un métier d'organiser ce bazar pour que chacun trouve sa place en laissant de la place aux autres, pour que le frottement soit créatif et pas douloureux, pour rendre tout cela lisible et ouvrir le lieu au quartier comme au reste du monde. C'est un tiers-lieu hybride par la multiplication des acteurs et des usages, un espace commun fugace, un espace public en fait. C'est un morceau de ville qui apparaît sur la carte pour un temps seulement, mais qui se pense et se gère comme tel.

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Sep 12, 202339:20
#83 Florent Giry · Les rues parisiennes font leur métamorphose
Sep 03, 202350:46
#82 Xavier Tackoen · La nouvelle vie de la gare de Jette

#82 Xavier Tackoen · La nouvelle vie de la gare de Jette

La Gare de Jette, au nord de Bruxelles, n’est pas une de ces gares abandonnées qui regardent passer les trains. Ici, ils s’arrêtent encore et sont même de plus en plus fréquentés. Mais le bâtiment de la gare n’a plus beaucoup d’utilité depuis que son dernier guichet a fermé. Et le lieu commence a subi dégradations et trafics, sous les yeux attristés des habitants qui voient ce morceau de patrimoine ferroviaire partir à la dérive. Car c’est une très belle petite gare de briques rouges, qui donne sur la place centrale judicieusement libérée du stationnement. Alors, pour remettre de la vie dans la Gare de Jette, la SNCB a lancé un appel à projets pour identifier un opérateur en mesure de lui trouver une nouvelle vocation.

C’est un nouveau pôle socioculturel ouvert qui est en train d’émerger sous nos yeux, « Staytion », porté par trois associations et un cabinet de conseil. L’objectif ? Que la gare ne soit plus un lieu par lequel on passe, mais une destination. Alors les activités s’y multiplient : espace d’information sur les mobilités, activités culturelles intergénérationnelles, cours de guitare, couture circulaire, spectacles, réunions de partis politiques… C’est devenu en quelque mois un pôle de la vie du quartier et ce soir l’ancien buffet de la gare accueille une formation à la mobilité partagée. La gare de Jette n’est pas simplement un bâtiment qui n’est plus vide, c’est déjà un nouvel équipement public polyvalent au cœur de la ville.

Pourtant, seuls 80 mètres carrés sont aujourd’hui mobilisés sur les 300 que compte la gare. Il faudrait deux millions d’euros pour remettre d’aplomb le reste avant d’y accueillir du public. Voilà pourquoi la nouvelle vie des lieux reste précaire. Les trois années qui s’ouvrent vont permettre de tester des usages, des organisations, et peut-être de démontrer par les faits l’importance des lieux et imposer cet investissement comme une évidence.

Mais on ne teste pas que des usages ici. Pour Espaces Mobilités, la société de conseil qui coordonne l’occupation temporaire, c’est aussi un moyen de passer du dire au faire, et de démontrer que de nouvelles méthodologies de projet sont désormais nécessaires. Nous prenons conscience qu’il nous faut accélérer la prise de décision, tout en facilitant la participation de chacun a l’élaboration des projets. Il faut donc accepter leur imperfection, et mettre plus d’énergie sur leur adaptation a posteriori que sur leur mise au point en amont. Mais cela nécessite de travailler au corps nos organisations, pour qu’elles acceptent l’échec comme une issue possible. Il faut aussi redonner le pouvoir aux acteurs de terrain de prendre des initiatives sans dissoudre leurs idées dans des processus de validation ubuesques. Pendant les confinements, l’urgence a permis bien des apprentissages, ne les oublions pas.

Je suis Sylvain Grisot, urbaniste, et j’échange aujourd’hui avec Xavier Tackoen, Administrateur délégué d’Espaces-Mobilités, qui nous raconte la nouvelle vie de la gare de Jette.


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Et bonne écoute !


www.staytion.be

Aug 26, 202335:01
#81 Nicolas Quantin · Visite du quartier de l'Abbaye à Grenoble

#81 Nicolas Quantin · Visite du quartier de l'Abbaye à Grenoble

La cité de l’Abbaye à Grenoble, c’est une quinzaine de bâtiments qui bientôt fêteront leur centenaire, pourtant rien ne présageait qu’ils passent ce cap. Quand des pathologies structurelles sont diagnostiquées en 2011, les locataires sont progressivement relogés par le bailleur social dans la perspective d’une tabula rasa permettant de relancer un nouveau cycle immobilier optimisé pour les normes constructives du moment. Mais il en faut du temps pour reloger plus de 200 familles. Près d’une décennie pendant laquelle les volets se sont fermés un à un, mais les esprits ouverts. Progressivement le maintien de la plupart des bâtiments s’est imposé comme une évidence. C’est sans doute le témoignage d’un changement d’époque, mais aussi d’une démarche de projet qui a su instiller un doute créatif en posant des questions simples et essentielles. Pourquoi démolir ce qui fonctionne ? Que peut-on faire de mieux à la place ? Alors le problème patrimonial du bailleur est progressivement devenu un enjeu urbain, puis un projet urbain aux contours encore flous.
Car garder l’existant c’est accepter l’incertitude, assumer le bricolage et se lancer dans l’aventure sans connaître la fin de l’histoire. C’est aussi prendre le temps, mais sans laisser du vide. Puisque le quartier est vivant, le projet doit respecter les dynamiques qui y vivent, et même en initier de nouvelles. L’occupation temporaire de l’îlot central des « Volets Verts » s’est donc imposé comme un moyen d’occupation des lieux et de préfiguration des usages futurs. Cinq dispositifs très différents (appropriation et préfiguration des espaces publics, présence des services publics, activités sociales et solidaires, actions socio-culturelles et hébergement inclusif) occupent donc les lieux pour trois à cinq ans, animés autour d’une gouvernance partagée associant les pilotes du projet urbain, les occupants et les riverains.
Inutile de chercher à tirer de grandes généralités d’un projet aussi contextuel, tissé pas à pas. À part peut-être que structurer une démarche transitoire demande d’y consacrer du temps, beaucoup de temps, quitte sans doute à ralentir le projet urbain. Mais si tout était allé vite, il ne resterait rien de la Cité. Peut-être faut-il prendre le temps de laisser mûrir les projets au contact des usages ? Et s’il fallait ralentir ?
Allons visiter la Cité de l’Abbaye en compagnie de Nicolas Quantin, chef de projet pour la ville de Grenoble, de Pascal Dobias, directeur de la Maison des Habitants Abbaye-Jouhaux et de Nicolas Tixier, de Bazar Urbain, du groupement de Maitrise d’œuvre Urbaine.

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Jul 10, 202348:03
#80 Vincent Cotté · La rue commune
Jun 26, 202337:53
#79 Thomas Benoit · Animer les rez-de-chaussée vacants

#79 Thomas Benoit · Animer les rez-de-chaussée vacants

Nous voilà à Crêt-de-Roc. La sonorité du nom pourrait nous amener sur un chemin de randonnée, mais non. Il s’agit d’un quartier précaire à Saint-Etienne, qui a subit de plein fouet la désindustrialisation. Dans une ville marquée au fer rouge par cette image, certains quartiers l’ont encore plus senti passée que d’autres, et restent bien éloignés de la capitale du design, cet imaginaire nouvellement créée.

Pourtant, il ne s’y passe pas rien dans ces quartiers. L’Etat y intervient, via l’ANRU notamment, pour réhabiliter des logements et en faire des espaces décents pour celles et ceux qui y logent. Mais rien n’y fait, les grilles des magasins sont toujours baissées et les couleurs de la rue ont des teintes peu chatoyantes. Ces espaces de rez-de-chaussée, à hauteur des yeux, font toute la différence, et définissent le dynamisme ou l’agonie d’une rue. C’est long et complexe de faire revivre ces espaces si spécifiques : il faut négocier avec chaque propriétaire, trouver des porteur·ses de projet qui tiennent la route, repenser les espaces pour séparer les entrées entre les logements dans le étages et le commerce du bas… Il y a de la demande, mais ça coince, ça n’avance pas.

C’est une association de quartier, Rue du Développement Durable (RDD), qui se positionne pour faire bouger les choses. Elle devient médiatrice entre les porteur·ses de projet et les propriétaires. Le discours est accessible, mais assez solide et expert pour être crédible. Le parcours de l’association est semé d’embuches, ce qui lui a permit d’apprendre de ses erreurs et de se renforcer. Comme cette tentative avortée de créer une foncière solidaire Crêt de Liens pour racheter les rez-de-chaussée vacants du quartier. La motivation était là, les habitant·es soutenaient le projet, mais les biens n’étaient pas mis en vente : peur de gérer une copropriété et peur de nouveaux usages. Les porteur·ses de projet n’étaient pas ceux qu’attendaient les propriétaires : un bar fait trop de bruit, un artisan qui débute a peu de moyen…

Alors tant pis ! Si les acteur·ices du territoire ne veulent pas fonctionner via une foncière, qu’à cela ne tienne, on fait différemment et on rebondit. RDD a développé d’autres outils d’accompagnement et de médiation sur le long terme, en proposant de l’animation de quartier plus ponctuelle, mais tout au long de l’année, et du portage locatif.

Si tous les rideaux métalliques ne sont pas tous remontés, la rue bouge et un vent de renouveau se déploie. Parfois, dans des espaces laissés à l’abandon, quelques habitant·es se retroussent les manches et font naître de belles solidarités. Sans fanfare, sans révolution, juste avec de petits moyens, mais qui rendent la rue d’en bas un peu plus passante et joyeuse.

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Pour aller plus loin :

- Le site de Rue du Développement Durable

- La ville inoccupée. Enjeux et défis des espaces urbains vacants, de Nadia Arab et Yoann Miot (Presse de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 2020)

- L'urbanisme transitoire à la sauce lilloise, dixit.net, avril 2021

- Pas de vacance pour la vacance, dixit.net, mai 2022


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Jun 20, 202341:50
#78 Sophie Poirier · Le signal : amour et recul du trait de côte

#78 Sophie Poirier · Le signal : amour et recul du trait de côte

La mer avance, doucement, sur nos littoraux, où nous avons construit si près, pour être toujours plus proche d’elle. Tout en détruisant lentement les écosystèmes qui la maintenait au large.

Le recul du trait de côte, bien que la formule soit imagée, fait peur à tout le monde. On y perçoit cette belle maison bourgeoise, cette maison de vacance pleine de sable ou même cette petite cabane de pêche, s’effondrer d’un bloc ou sombrer sous les vagues. C’est aussi un sujet très technique, car de quoi parle-t-on exactement ? De la mer qui monte ? Du sable, des cailloux, du sol qui s’effritent, qui s’étiolent ? Du corail qui ne fait plus rempart ? Des digues qui faiblissent ? Un peu de tout ça ?

Sophie Poirier vient frôler ces enjeux, ces questionnements, mais en prenant un pas de côté important, sous l’angle de l’amour et du deuil. C’est l’histoire d’une rencontre, en 2014, à Soulac-sur-Mer. C’est l’histoire d’une passion, d’une obsession même, non pas avec un humain, mais avec un bâtiment. Avec un bloc de béton en lente dégradation. Cet immeuble, qui a été le rêve de nombreuses familles dans les années 70, s’appelle le Signal. Il a fallut faire le deuil de sa première vie, quand ses occupants ont dû plier bagage à la hâte sur arrêté préfectoral, car il menaçait de s’écrouler. Il faut dire que chaque année, les vagues se rapprochaient toujours un peu plus. Mais il a aussi fallut faire le deuil de sa seconde vie, où abandonné face aux vagues, le bâtiment a accueillit, illégalement, celles et ceux qui cherchaient un refuge, un endroit de fête, ou la découverte de l’interdit.

Cet immeuble est tristement devenu célèbre, créant un précédent dans les expulsions face au risque du recul du trait de côte, souvent cité comme l’exemple à ne pas suivre. Sophie Poirier a raconté un autre versant de son histoire, lui redonnant couleurs et odeurs, ce qu’on oublie bien souvent, nous autres professionnel·les de la fabrique des territoires.

Ce regard poétique et compulsif prend bien plus aux tripes que n’importe quel rapport technique alarmiste, posant encore une fois la force des récits pour nous transformer. Et même si le Signal a bel et bien été détruit, le récit de cette rencontre n’en reste pas moins d’actualité face à toutes les ruines que nous avons construites et dont il nous faut nous occuper, avec soin.

Mais là, à l’abri dans cette voiture qui tangue sous les assauts du vent, avec devant les yeux Le Signal et la mer déchaînée, je comprends, c’est nous qui sommes dans la tourmente. C’est nous qu’il faut plaindre. Pour commander l'ouvrage : https://www.leslibraires.fr/livre/20069700-le-signal-recit-d-un-amour-et-d-un-immeuble-sophie-poirier-inculte-derniere-marge

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May 23, 202345:58
#77 Max Rousseau et Vincent Béal · Territoires en déclin

#77 Max Rousseau et Vincent Béal · Territoires en déclin

Mettons de premières lunettes, un peu lugubres. Que voyez vous ? Une grande rue aux façades décrépies, des panneaux “à vendre” sur les vitrines, des feuilles mortes soulevées par une légère brise, et partout, des bâtiments abandonnés. Les enfants sont partis, il ne reste plus que quelques personnes errantes dans ces rues tristes et grises, qui pourtant, il y a longtemps, ont du être resplendissantes.

Mettons maintenant une autre paire de lunettes, aux verres teintés de vert. Que voyez vous ? Des jardins potagers luxuriants, quoiqu’un peu en bazar, des tentatives low-tech d’éoliennes individuelles, des espaces en friche où la nature a repris ses droits. Et ça et là, des jeunes et des moins jeunes qui bavardent sur la nouvelle place du village, une ancienne usine réaffectée en lieu de vie commun et solidaire.

De multiples imaginaires prolifèrent sur les villes en déclin. Certain·es y voient la plus grande des décadences, notamment démographique, qui telle l’épée de Damoclès définit la réussite ou non du mandat du maire. D’autres y projettent la naissance d’une nouvelle société, plus sobre et plus locale, prenant racine dans des solidarités entre voisin·es.

C’est pour sortir de ces images toutes faites de l’effondrement ou de la post-croissance que Max Rousseau et Vincent Béal sont allés arpenter les rues de Cleveland, aux Etats-Unis. Une “ville ordinaire”, comme ils disent, permettant de prendre du recul et de monter en généralité, loin du parc d’attraction des décroissants qu’est peut-être devenue Detroit.

Car il ne faut pas s’y tromper, l’agriculture urbaine luxuriante de Cleveland est une agriculture de subsistance, bien éloignée de nos jardins d’écolo-bobo et de leurs petites tomates bio. Ici, des populations racisées n’ont plus accès au moindre commerce, ou alors bien trop loin de chez elles, ou bien trop chers. Si l’agriculture urbaine peut parfois être utilisée dans un objectif d’attractivité, elle peut aussi être synonyme de survie. En parcourant leur ouvrage, Plus vite que le coeur d’un mortel, on y comprend à quel point des politiques de décroissance peuvent parfois être socialement injustes et racistes.

Les auteurs appellent à des politiques de décroissances planifiées et pensées à travers les ressources internes du territoire. Des stratégies qui seraient tournées vers les besoins de la population déjà là, encore là, et qui prennent appui sur les liens de solidarité qui se créent, malgré tout. Une enquête qui montrent des expérimentations riches, ambiguës, parfois ratées, faites d’ordinaire et de débrouille.

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May 23, 202347:59
#76 Arthur Corbin · Rue des Floralies
May 15, 202325:38
#75 Guillaume Ethier · La ville analogique

#75 Guillaume Ethier · La ville analogique

Et si la Smart City n’était que le dernier avatar en date de l’hygiénisme ? Après la ville haussmannienne, le rêve des cités-jardins, les utopies paternalistes, le déferlement des grands ensembles ou l’idéal pavillonnaire, nous avons subi les promesses de flux régulés par l’Intelligence Artificielle, de rues bardées de caméras et de poubelles connectées.

L’urbanisme donne parfois l’impression d’être une suite de vaines tentatives pour mettre la ville au pas. Mais après avoir nourri les conférences et peuplé les salons professionnels, la Smart City semble à son tour s’étioler, sans avoir vraiment dépassé le statut de pépite marketing. Quand on peine encore à faire disparaître l’habitat indigne ou à réguler le stationnement des trottinettes, qui peut encore croire à une vie urbaine complètement régulée ? La Smart City est la somme d’une impasse écologique, d’un idéal de suroptimisation et de la tentation du contrôle social.

La ville ne sera donc pas intelligente, et à défaut d’être bête, elle restera bordélique et inefficace. Quoi de plus complexe et de moins géré qu’une ville ? On se laisse bercer par l’idée que nos autorités locales pilotent ce vaste ensemble, mais à part quelques fondamentaux qui permettent à l’eau de couler dans nos robinets, aux écoles d’ouvrir et aux tramways de rouler, le reste est le fait de millions de décisions individuelles prises dans un fourmillement créatif et malheureux qui est le propre de la densité urbaine.

Mais l’échec marketing de la Smart City ne dit pas que le numérique n’a rien changé à la ville. Notre vie est désormais scandée par le rythme des notifications, éclairée en permanence par les interfaces et orientée par le point bleu rassurant du GPS. Le numérique a changé nos vies, notre rapport à l’espace, notre économie et nécessairement nos villes.

Guillaume Ethier en prend acte, et n’a ni regrets ni nostalgie d’une ville d’avant. Mais en musicien qu’il est, il introduit du bruit dans la bande-son aseptisée de la ville numérique. Pas des sons désagréables, non, mais des irrégularités que seules autorisent les interfaces analogiques. Ces anomalies aux marges de la ville normalisée et optimisée, ont perduré sous les radars des interfaces acérés de la ville numérique. Mais Guillaume Ethier nous invite à les voir enfin, à les assumer et les déployer. Alors sa ville est lente, tangible, imparfaite. Intime parfois. Il nous invite à la parcourir et a explorer ses intuitions, sans chercher à faire modèle. Mais ce sont de ces interstices que naîtront les innovations dont nous avons besoin pour les combats futurs.

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May 09, 202340:52
#32 Olivier Erard · Quels futurs pour la station de ski Métabief ?

#32 Olivier Erard · Quels futurs pour la station de ski Métabief ?

Alors qu’une douce chaleur commence à pointer le bout de son nez, que les vestes tombent et que les terrasses se remplissent, remettez votre bonnet et retournons ensemble dans l’hiver, plus ou moins enneigé.

Bienvenu à Métabief, station de ski de le Haut-Doubs, qui amorce une transition pleine de complexité. Métabief, c’est un territoire où les planètes se rencontrent. Alors que des données météorologiques situées annoncent une baisse d’enneigement drastique dans la région au cours des 10-20 prochaines années, la station de ski devrait investir dans de nouveaux télésièges. Etant déjà largement endettée, c’est le moment de faire un temps d’arrêt pour la station et de mettre toutes les cartes sur la table.

En “injectant le virus de la fin du ski”, les acteur·ices de la station décident de passer d’une culture d’investissement, voire de compétition et de surenchérissement, à une culture de la maintenance, pour travailler l’existant. La conjecture pousse la station à prendre soin de ses infrastructures actuelles pour le amener le plus loin possible dans le temps, “jusqu’au bout” de la fin du ski.

Ces décisions ne se prennent pas sans mal. Il faut gérer les angoisses, bien normales, de chacun·e : la fin de la station se rapproche chaque année un peu plus, mais sans savoir ce qui adviendra après. Il n’y a bien sûr aucune date précise, pourtant on sait qu’on se prépare à la fin. Une forme de frénésie s’installe, car il faut profiter de ces moments enneigés comment si c’était les derniers.

Olivier Erard, directeur du Syndicat Mixte du Mont d’Or et responsable ingénierie de transition à la station**,** nous raconte comment lui et ses équipes, d’un petit cercle de convaincus, ont réussi à embarquer leurs élu·es, les commerçant·es et les habitant**·**es dans cette nouvelle aventure. Une aventure de deuil et de renoncements à un passé idéalisé, à un présent instable, mais aussi à une certaine vision du future. Pourtant, ces abandons viennent multiplier les possibilités et redonner de la force à un territoire pour davantage se choisir. Si il devient évident que la transformation est nécessaire, de multiples voies sont possibles, et rien n’est encore tracé : des activités quatre-saisons qui ne remplaceront jamais totalement l’économie de la station de ski ? Une place plus grande accordée au pâturage ? Un territoire moins densément peuplé rendu à des formes de nature ? Un peu de tout ça ? De nouvelles voies à créer collectivement qui n’existent sûrement pas encore.

C’est pourquoi le Syndicat Mixte a décidé d’y dédier une ingénierie spécifique pour écouter tous les acteur·ices, orchestrer leurs envies et leurs besoins. C’est accepter la complexité du problème, sans “solutionisme”. C’est prendre le temps du vide, sans vouloir le remplir trop vite, pour laisser des idées nouvelles, farfelues, mais aussi réalistes, émergées. Cet entretien est aussi le récit d’apprentissages personnels et d’une volonté de faire autrement, en équipe, collectivement.

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May 02, 202357:41
#31 Anne Lefranc · Une ville dense ET désirable ?

#31 Anne Lefranc · Une ville dense ET désirable ?

C'est l'un de ces dilemmes qu'il nous faut résoudre pour progresser. Peut-on créer une ville à la fois dense et désirable ? C'est le pari de la publication de l'ADEME autour de la ville 3D, pour « dense, durable et désirable ».

Je suis Sylvain Grisot, urbaniste fondateur de dixit.net, et j’échange aujourd'hui avec Anne Lefranc de l'ADEME, qui a coordonné ce guide.

En fait, la ville dense et désirable existe déjà, comme le montrent les nombreux exemples présentés dans le guide. Mais il n'y a pas de recette miracle pour y parvenir, seulement une boîte à outils où chacun devra trouver celui qui s'adaptera le mieux à ses besoins. Nous sommes engagés dans une longue période d'expérimentation, qui fait évoluer très rapidement les pratiques sans que l'on prenne pleinement conscience de l'ampleur des changements. La preuve en est, ce guide de l'ADEME date de 2018, et l'édition de 2023 devait être une simple mise à jour. Mais compte tenu des évolutions dans la compréhension des enjeux et des pratiques depuis cinq ans, une refonte complète s'est imposée. Parions que la troisième édition qui paraîtra peut-être dans quelques années témoignera de notre capacité à trouver les chemins de cette ville à la fois dense et désirable.

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Pour aller plus loin :

Apr 11, 202329:20
#30 Aude Le Gallou · Tourisme des espaces délaissés
Mar 27, 202335:38
#29 Agathe Ottavi et Solène Champroy · Co-construire l'urbanisme culturel

#29 Agathe Ottavi et Solène Champroy · Co-construire l'urbanisme culturel

Bonjour, je suis Frédérique Triballeau, urbaniste chez dixit.net. Qu'est-ce que l'urbanisme culturel ? En quoi peut-il être un prétexte pour enquêter sur les territoires et co-construire des projets avec les habitant.es ? Nous avons parlé de tout cela avec Agathe Ottavi, de l'agence Cuesta et Solène Champroy, de l'agance Esopa, à l'occasion de la sortie de leur "Guide pour la co-construction d'un projet culturel municipal avec les habitants", dans le cadre du programme Territoires en commun, de l'ANCT. 

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Mar 07, 202336:49
#28 Nicolas Reverdido · Transfert, de la culture dans la ville
Mar 07, 202327:46
#27 Mikael Goupil et Cécile Monnerais · Réhabiliter le quartier du Gros Chêne
Feb 28, 202341:55
#26 Patrick Henry · Pour un urbanisme des sols
Feb 22, 202319:25
#25 Laurent Delcayrou · Résilience des territoires
Feb 07, 202347:38
#24 Jean-Laurent Cassely · La France sous nos yeux
Dec 20, 202252:19
#23 Visite du projet 505 à Montréal

#23 Visite du projet 505 à Montréal

Visite guidée du projet 505 Maisonneuve Est avec Audrey Savard-Drouin, référente du projet chez Entremise, et Pierre Gaufre, conseiller en développement économique à la ville de Montréal. Une ancienne gare d'autobus dans le centre ville de Montréal, vacante depuis 10 ans. Elle a été racheté par la ville il y a un an, le projet démarre tout juste, comme l'écosystème d'acteurs qui s'y installent petit à petit : un potager s'est mis en place, ainsi qu'une entreprise de livraison à vélo. 

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Dec 13, 202229:49
#22 Visite de l'Espace Ville Autrement à Montréal

#22 Visite de l'Espace Ville Autrement à Montréal

Visite de l'Espace Ville Autrement, en compagnie de Victor Malherbe, référent du projet, et de Marianne Lemieux-Aird, chargée de projet et recherchiste-analyste. Tous deux travaillent pour Entremise, une entreprise d’économie sociale et solidaire en aménagement qui conçoit, met en oeuvre et opère des projets d'occupation transitoire aux côtés des acteurs publics, des propriétaires et des communautés. Ils portent dans cet espace vacant depuis 1997 un projet d'urbanisme transitoire pendant au moins 5 ans. C'est un lieu ouvert sur les nouvelles façons de fabriquer et d’habiter la ville où collaborent les professionnels, les chercheurs et la collectivité.

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Dec 13, 202219:14
#21 Emmanuel Delannoy · Biomimétisme : s'inspirer du vivant pour la résilience

#21 Emmanuel Delannoy · Biomimétisme : s'inspirer du vivant pour la résilience

Bonjour,

je suis Sylvain Grisot , urbaniste/fondateur de dixit.net. Notre podcast donne la parole à celles et ceux qui font la ville d’aujourd’hui et de demain.

On échange aujourd’hui avec Emmanuel Delannoy qui est auteur, conférencier, entrepreneur, consultant et sans doute bien autre chose, mais surtout un de ces passeurs qui tisse du lien entre les mondes distants de l’entreprise, des associations et de la science du vivant.

On a suivi ensemble les pistes le biomimétisme pour engager les transformations nécessaires de nos économies, nos territoires et nos organisations. Car si le vivant est en crise, il peut aussi nous inspirer ses solutions, au travers des différents niveaux du biominétisme, et peut aller jusqu’à refonder l’organisation de nos territoires en s’inspirant du fonctionnement de nos écosystèmes.

Cette révolution a sans doute déjà commencé, mais on ne la voit pas, focalisés que nous sommes sur l’aveuglement des puissants et l’écume des médias. Reste à dénicher les réservoirs de possibles, nourrirs les potentiels et tisser de nouveaux imaginaires imparfaits, inspirés des clefs que nous offre le vivant.

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Nov 22, 202247:52
#20 Philippe Bihouix, Clémence de Selva et Sophie Jeantet · La ville stationnaire

#20 Philippe Bihouix, Clémence de Selva et Sophie Jeantet · La ville stationnaire

Webinaire débat sur l'ouvrage La ville stationnaire, de Philippe Bihouix, Clémence De Selva et Sophie Jeantet, sorti en 2022 aux éditions Actes Sud, avec Sylvain Grisot.  

La croissance des villes est devenue insoutenable : le secteur de la construction est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre et engloutit des quantités énormes de ressources, pendant que l’étalement urbain dévore les sols naturels et agricoles. Dans l’écoconstruction, les expériences se multiplient mais sont encore marginales. La densification et la métropolisation n’ont pas apporté les bénéfices environnementaux escomptés, tandis que se révèlent les vulnérabilités d’une concentration humaine trop grande. Quant aux promesses d’une technologisation accrue, les vertus des futures smart cities restent mystérieuses ou ténues, malgré les incantations. Et si les villes n’avaient pas vocation à grandir éternellement ? Plus tôt nous protégerons nos terres agricoles, naturelles et forestières de l’artificialisation, plus grande sera notre résilience face aux risques et aux crises écologiques à venir. Au plus vite, les villes doivent – et peuvent – devenir stationnaires. Il ne s’agit pas de les figer, mais de les transformer et les embellir, d’exploiter l’immense patrimoine déjà bâti. Surtout, c’est notre rapport aux territoires qu’il faut faire évoluer, en favorisant la redistribution des services et des emplois, en œuvrant à une nouvelle attractivité des villes moyennes, des bourgs, des villages et des campagnes. Désormais les métropoles ne doivent plus attirer et grandir, mais essaimer.  

Philippe Bihouix est ingénieur de formation, directeur général de l'AREP et a écrit de nombreux essais sur les questions environnementales, notamment L'âge des lowtech : vers une civilisation techniquement soutenable, en 2014.  

Clémence de Selva est architecte et co-fondatrice l'agence Selva-Maugin, basée à Bordeaux.  

Sophie Jeantet est architecte urbaniste, directrice de l'Opération d'Intérêt Métropolitain Bordeaux Aeroparc au sein de l’Etablissement Public de Coopération intercommunale de Bordeaux Métropole.  

Sylvain Grisot est urbaniste et fondateur de dixit.net, une agence de conseil et d'innovation en transformation de la ville. Il est l'auteur du Manifeste pour un urbanisme circulaire (2020) et co-auteur, avec Chistine Leconte, de Réparons la ville (2022).  

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Nov 14, 202247:35
#19 Renaud Epstein · Un jour, une ZUP

#19 Renaud Epstein · Un jour, une ZUP

Bonjour, mon nom est Sylvain Grisot, je suis urbaniste et fondateur de dixit.net.

On échange aujourd'hui avec le sociologue Renaud Epstein. Il collectionne depuis des années des cartes postales de quartiers de grands ensembles pour garder trace de ces espaces urbains soumis a d’intenses transformations depuis une vingtaine d’années. C’est une page oubliée de l’histoire de ces quartiers qui émerge de son ouvrage intitulé “On est bien arrivés”, qui réunit quelques unes de ces photos. Mais c’est surtout une tout autre image de ces quartiers qui apparait au travers de cette série de cartes postales, celle de quartiers tout neufs appréciés par leurs nouveaux habitants.

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Oct 26, 202244:26
#18 Nicolas Fabien-Ouellet · Les saisons au marché Jean Talon (Montréal)

#18 Nicolas Fabien-Ouellet · Les saisons au marché Jean Talon (Montréal)

Bonjour,

mon nom est Sylvain Grisot, je suis urbaniste et fondateur de dixit.net. On rencontre aujourd'hui Nicolas Fabien-Ouellet, qui est directeur général de la Corporation de gestion des Marchés publics de Montréal. La corporation est mandatée par la Ville de Montréal pour gérer une série de marchés visités annuellement par 3 millions de personnes, dont le Marché Jean Talon, un des plus vieux marché public de Montréal, et un des plus important d’Amérique du nord. Jean Talon change de commerçants et de clients selon les rythmes emmêlés de la saisonnalité des produits et du calendrier des fêtes, mais il change aussi de forme en fonction des saisons. Réduit à sa plus simples expression l’hiver, il s’ouvre au printemps pour enfin s’étaler les fin de semaines jusqu’aux rues adjacentes. Le marché Jean Talon témoigne des immenses potentiels de certains espaces urbains, pour peu qu’on prenne le temps d’en suivre les rythmes.

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Oct 18, 202232:47
#17 Marie Renoux · La Cité des Hospitalières en transition, à Montréal
Oct 12, 202257:43
#16 Nicolas Delbouille · Inventaire des friches du Grand Amiénois
Sep 27, 202237:38
#15 Hervé Le Treut · Un GIEC régional ?

#15 Hervé Le Treut · Un GIEC régional ?

Bonjour,

je suis Sylvain Grisot , urbaniste et fondateur de dixit.net. Notre podcast donne la parole à celles et ceux qui font la ville d’aujourd’hui et de demain.

Je vous invite aujourd’hui à un échange avec le climatologue Hervé le Treut. Professeur à Sorbonne Université, membre de l’académie des sciences, participant aux cinq premiers rapports du GIEC, il œuvre pour la science du climat depuis de nombreuses années.

Mais il est aussi engagé localement, au travers d’un comité scientifique qui focalise son travail sur une région qui lui est chère : la Nouvelle Aquitaine.

Ce Comité Scientifique Régional sur le Changement Climatique de Nouvelle Aquitaine, nommé Acclimaterra, en a inspiré bien d’autres dans différentes régions. Mais il ne peut se résumer à la simple idée d’un GIEC régional, car le changement d’échelle nécessite aussi de faire autrement de la science. En se rapprochant des enjeux, il faut multiplier les regards et croiser le travail des différentes sciences, bien au-delà de la seule modélisation du climat.

C’est donc une expérience de dialogue entre les sciences par une transdisciplinarité symbolisée par la présence de 400 scientifiques impliqués dans la démarche. Une expérience de dialogue avec le politique aussi, facilité par un travail situé et concret. Mais c’est aussi une expérience de dialogue avec les citoyens, puisque l’échelle régionale permet d’aller sur le terrain pour expliquer, mais aussi mieux comprendre les enjeux locaux dans toute leur complexité.

Mais Hervé le Treut nous donne aussi une belle leçon d’engagement à destination des scientifiques. Quand la hauteur des enjeux nécessite que le chercheur prenne la parole et se tourne vers l’action, ce doit être pour toujours continuer à faire de la science en objectivant les termes du débat, sans chercher à en gommer la complexité pour les besoins de la cause.

J’espère que vous aurez autant de plaisir à écouter cet échange que j’en ai eu à y participer. Et n’hésitez pas à vous abonner à notre newletter sur dixit.net pour ne pas manquer nos prochaines publications.

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Sep 21, 202242:02
#14 Alexandre Monnin · Mener la redirection écologique des organisations
Sep 14, 202239:39
#13 Didier Mignery · Habiter sur les toits
Sep 06, 202236:43
#12 Anne Démians · Les Black Swann

#12 Anne Démians · Les Black Swann

Bonjour,

je suis Sylvain Grisot , urbaniste/fondateur de dixit.net. Notre podcast donne la parole à celles et ceux qui font la ville d’aujourd’hui et de demain.

On échange aujourd’hui avec Anne Démians autour de la question de la réversibilité des bâtiments, ou comment construire de façon plus durable avec des bâtiments qui peuvent changer d’usage pour éviter toute déconstruction.

En partant d’un projet emblématique qu’elle a mené a Strasbourg, les Black Swans, on découvre tout l’intérêt qu’il y a à concevoir des bâtiments comme certaines pâtisseries arabes : dures à l’extérieur et molles à l’intérieur. Avec une structure et une enveloppe stables, conçues pour la ville et le climat dans lequel ils s’insèrent durablement, et des espaces intérieurs souples, en capacité de s’adapter aux changements des besoins en les libérant notamment des contraintes de cloisonnement et de réseaux.

Mais les obstacles sont nombreux à la généralisation de ces pratiques : standards constructifs, contraints de hauteur des PLU, spécialisation du cadre fiscal, intrication des règles incendie, caractère figé des permis de construire… Autant d’obstacles à lever ou contourner pour que la construction réversible devienne la norme, et plus l’exception.

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Sep 05, 202241:17
#11 Volker Erlich · Mettre les mains à la paille

#11 Volker Erlich · Mettre les mains à la paille

Volker Ehrlich est architecte co-associé à l'agence Trait Vivant, co-fondateur du Collect'IF Paille et enseignant à l'école d'architecture de Paris-La Villette. Il croit fermement en la capacité des matériaux biosourcés à constituer une alternative durable dans la construction de demain.

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Aug 30, 202238:43
#10 Maud Le Floc'h · Le Parlement de Loire
Jul 05, 202235:52
#9 Christophe Robert · Se loger dignement
Jun 28, 202241:33
#8 François Vadepied · Asphalt Jungle
Jun 21, 202224:44
#7 Camille Picard · Flexibilité du logement à la japonaise

#7 Camille Picard · Flexibilité du logement à la japonaise

Camille Picard est doctorante au Lab’Urba, l’École doctorale Ville, Transports et Territoires entre l’université Paris-Est et l’université de Kyoto au Japon. Sa thèse porte sur la prise en compte du vieillissement de la population dans les politiques de l’habitat au Japon et en France, et ses conséquences sur la conception spatiale et fonctionnelle de l’habitat.

Son étude menée pour Leroy Merlin, Flexibilité et plasticité du logement au Japon, dépeint ce dernier comme adaptable, historiquement léger et pensé utilitaire pour se transformer au gré des périodes de la vie. On observe que cette tendance change avec la modernisation de l’habitat dans le pays, notamment avec les transformations dans la structure des ménages, la nucléarisation de la famille aux dépens d’une cohabitation intergénérationnelle, et qui ont fait évoluer les besoins de la population en matière de logement.

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Jun 14, 202227:26
#6 Anna Otz · Hôp hop hop, tiers lieu poétique
Jun 07, 202239:07
#5 Benoît Grimonprez · Droit du sol, droit au sol

#5 Benoît Grimonprez · Droit du sol, droit au sol

Le devenir des sols urbains et agricoles sont aujourd’hui imaginés et gérés isolément dans nos territoires. Pourtant Benoît Grimonprez, professeur à l’université de Poitiers et chercheur en droit rural et de l’environnement, imagine avec Dominique Potier et Pierre Blanc dans leur ouvrage La terre en commun, plaidoyer pour une justice foncière (2019), un nouveau monde alliant les territoires dans le droit, la géopolitique et l'histoire. Avec Sylvain Grisot, ils ont décrypté les enjeux sociaux et environnementaux du foncier, loin des valeurs purement économiques de ce dernier. En partant du livre, ils ont tenté de vulgariser les concepts de foncier et droit du sol, et de les inscrire dans un rapport social et politique. L'ouvrage pose la questions de l'accès à la terres pour les agriculteurs, parfois remis en cause par les réformes du droit de l'urbanisme. Il pose aussi la question de la perte de sols agricoles due à l'étalement urbain dont on parle beaucoup à dixit.net. Enfin, l'enjeux environnemental doit être prioritaire pour repenser les stratégies de ces schémas encore trop disconnectés.

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May 17, 202241:24